Bonjour à toutes et tous, je m’appelle Nadia, je suis Québécoise et à une époque de ma vie, je pesais 240 livres (109 kilos) et aujourd’hui, en février 2014, je pèse 138 livres (62,5 kilos).
Ma vie
Je suis une toute petite femme, tout juste 5 pieds de haut (1 mètre et 52 cm) et j’ai toujours été plus ou moins grosse, toute ma vie (ou presque). J’étais un bébé bien joufflu, une petite fille rondouillarde, et une ado complexée parce que j’avais sûrement un 10 (4,5 kilos) ou 15 livres (7 kilos) de plus que les autres. Il n’y a que pendant mes études collégiales et universitaires que je n’avais pas de réel surplus de poids. Je n’étais pas mince, mais puisque j’avais peu d’argent, je ne mangeais jamais au restaurant, j’achetais très peu de viande et je n’avais pas de voiture, donc, j’allais partout à pied. Je marchais tout le temps, 2 ou 3 heures par jour, et c’était suffisant. Pourtant, même à cette époque, je pensais que j’étais trop grosse. Je n’avais qu’une seule idée en tête : atteindre un IMC de 23. Être dans la moyenne, au milieu, dans la norme, ne plus être une joufflue, rondouillarde, « pas-grosse-mais-un-peu-ronde », « bien-en-chair-mais-pas-obèse ». Vous les connaissez n’est ce pas, ces petits qualificatifs …
Ce que je ne savais pas, à cette époque, c’était tous les efforts que je mettrais un jour pour retourner à ce merveilleux 140 livres (63,5 kilos), que je détestais alors.
Toute ma vie, j’ai été insatisfaite de mon corps !
Puis il y a eu cet homme qui est entré dans ma vie, les déplacements en automobile, les restaurants, les enfants, l’arrêt de la cigarette, la tristesse, la déception, la maladie, la mortalité… toutes ces joies et ces épreuves que la vie met sur notre chemin. Toutes ces émotions mal vécues, mal digérées… et par-dessus tout : je ne marchais plus et je m’étais mise à manger comme lui.
Lorsque ma plus jeune fille a eu deux ans, j’avais atteint mon sommet : 240 livres (109 kilos). J’habillais la taille 24 ans (4X-large). Ma brassière faisait un terrible 48 DD. J’avais 30 ans.
Mon corps et mon esprit n’ont jamais été aussi mal en point. Je détestais ma vie et mon corps l’exprimait comme il le pouvait.
Mon déclencheur
On me demande souvent quelle est ma motivation, où je trouve la force de faire ce que je fais, quel a été le déclencheur ? D’abord, je dois dire que les motivations changent avec le temps mais à l’époque, alors que je vivais dans ce corps trop lourd depuis plusieurs années, une suite d’évènements ont provoqué le changement : D’abord j’ai eu un emploi qui m’a permis de me valoriser. J’étais maman à la maison depuis 8 ans. Sortir et voir des gens a eu un effet très bénéfique sur moi. En deux ans, je suis descendu à 220 livres (100 kilos), sans faire d’efforts particuliers. Juste parce que j’étais mieux dans ma tête.
À cette époque, je terminais une psychothérapie longue de 5 ans qui m’a apporté : l’amour de moi. Jamais, au grand jamais, je ne m’étais sentie aimée et je réalisais, enfin, que j’avais le droit de m’aimer et de me choisir. Ca été majeur pour moi.
Puis, deux évènements déclencheurs très importants :
1) Dans la semaine, j’avais voulu jouer dans la neige avec mes enfants, mais j’en avais été incapable. Je n’avais pas de souffle, mon corps était trop lourd, vraiment trop lourd. J’étais bouleversée.
2) Puis, le dimanche soir, nous écoutions « Découverte » à Radio-Canada. Je m’en souviens comme si c’était hier. Il y avait un reportage sur le diabète. Ce qui pouvait le provoquer. Je me voyais, je me reconnaissais car c’est dans cette direction que j’allais. Et les conséquences du diabète étaient clairement expliquées : la mort prématurée, la perte de la vue, des jambes aussi parfois. Je me suis vue, dans le futur, énorme, en chaise roulante, peut être aveugle, dépendante de tous…. Ca été un moment excessivement fort dans ma vie.
Si je restais grosse, j’allais perdre ma liberté. La carapace que je croyais être une protection, n’était rien d’autre qu’une prison.
J’ai été incapable de supporter ca ! Alors je me suis mise en mode recherche. Qu’est ce que je pouvais faire. Et pas question de faire n’importe lequel régime à la mode ou de courir dans tous les sens sans savoir ce que je faisais. NON !
Ma méthode
Pendant un an, j’ai lu tout les livres de régimes, de santé, de nutrition que je trouvais. Je lisais sur l’activité physique, sur la remise enforme, sur la perte de poids. Je me faisais une tête. Et je sortais marcher. Ces sorties ne duraient que 5 ou 10 minutes au début. La première année, j’ai lu des dizaines et des dizaines de livres, j’ai perdu seulement 5 livres (2,3 kilos) sur la balance, mais j’avais compris !
La deuxième année, je me suis retrouvé au chômage et j’ai compris que la vie me donnait une chance. Je l’ai saisie! J’ai acheté un calepin et je me suis mise à noter tout ce que je mangeais. Je me limitais rigoureusement à 1500 calories par jour. Je bougeais deux heures par jour : marche, natation, classe d’aérobie, etc. je perdais une livre (450 grammes) par semaine. J’ai fait ca pendant presque un an. Quand le boulot à recommencé, je pesais 170 livres (77 kilos).
Puis le travail et la routine ont repris et moi j’ai repris 15 livres (6,8 kilos).
Quand je suis de nouveau « tombé en chômage », j’étais à 185 livres (84 kilos). Mais je n’étais pas malheureuse. J’étudiais mes comportements et je tentais de comprendre. J’avais compris!
J’ai ressorti mon calepin, j’ai recommencé à noter et j’ai repris le sport. Cette fois, je m’étais équipée d’un tapis roulant à la maison pour ne pas dépendre de la météo ou de l’horaire d’un cours d’aérobie. Je devais bouger à chaque jour. Et lentement, mais surement, je suis redescendu plus bas encore. Cette fois, j’ai atteint les 150 livres (68 kilos).
Et oui, j’ai recommencé le boulot et j’ai repris un peu de poids. Jusqu’à 165 livres (75 kilos). Mais là, je n’ai pas attendu d’arrêter de travailler. J’ai encore une fois ressorti mon calepin et je me suis remise au boulot.
D’année en année, j’ai toujours réussi à descendre un peu plus bas, mais j’ai toujours repris un peu. J’ai mes périodes où je suis en perte de poids et les périodes où je suis en maintien. Les périodes de maintien sont toujours difficiles car je me sens très seule. J’ai l’impression d’être dans le flou. Si il existe des centaines de livres sur la perte de poids, essayer de trouver des livres qui vous parle de maintient du poids est impossible !! La plupart des livres ont quelques paragraphes sur le sujet, mais c’est tout.
En juin 2013, j’avais réussi à atteindre un extraordinaire 132 livres (60 kilos). Le poids que j’avais à 16 ans (dire que je me trouvais grosse à cette époque). À Noël 2013, je pesais 144 livres (65 kilos), ca m’a dérangé, mais je n’ai pas « capoté » comme j’aurais fait avant car c’est ca l’histoire de la perte de poids. On ne peut pas atteindre un chiffre magique et y rester. La réalité ce n’est pas ca.
Même les personnes qui n’ont pas de problème de poids ont des variations de poids, c’est tout à fait normal.
J’ai constaté des dizaines de fois des variations de 5 livres (2, 2 kilos) en 24 heures. Oui, oui, je vous l’assure, notre corps peut prendre ou perdre 5 livres en 24 heures, c’est la réalité !
Il faut savoir aussi que plus on perd du poids, plus ca devient difficile de perdre une livre (450 gr). Au début, les livres s’écroulent à grande vitesse, mais après 10 ans, il faut batailler dur, vraiment dur.
En janvier 2014, j’ai encore une fois ressorti mon calepin! Ce matin, je pèse 138 livres. J’ai maintenant 43 ans. J’habille la taille 8 ans et je fais un petit 38 B …
Ma conclusion
J’ai sûrement perdu plus de 300 livres (136 kilos) dans toute ma vie si on compte les grossesses, et les nombreuses reprises de poids, mais la réponse est celle là : actuellement, je pèse 102 livres (46 kilos) de moins que le poids maximum que j’ai déjà pesé.
Ca m’a pris 43 ans pour avoir pris tout ce poids et que j’ai commencé à prendre soin de mon corps il y a dix ans environ.
Ce que ma perte de poids a d’exceptionnel selon moi c’est que je fais partie du très mince 5% des gens qui ont perdu beaucoup de poids et qui ont réussi à maintenir leur perte de poids après 5 ans.
Je me décris parfois de la même façon que les alcooliques se décrivent. Ils disent d’eux-mêmes : « je suis un alcoolique et je suis sobre depuis X années ».
Pour ma part, je suis une obèse et je maintien un poids santé depuis 8 ans. Je porte en moi toute l’histoire d’un corps obèse. J’ai beaucoup plus de cellules adipeuses que les gens qui n’ont jamais été obèse. Mon corps a dû les fabriquer pour stocker tout le gras. Elles sont en moi. Elles sont délestées de leur gras, mais elles sont toujours là. À cause de ca, je peux stocker du gras beaucoup plus facilement que les autres.
Se sera toujours difficile pour moi de me comparer avec les autres. Je sais maintenant que je dois manger moins que les autres. Je dois l’accepter. Il est inutile de dire que c’est injuste. Oui c’est injuste. La vie n’est pas juste. On peut soit se plaindre toute sa vie, soit l’accepter.
Il y aura toujours des gens qui mangent beaucoup sans prendre de poids. En vieillissant, j’ai constaté que souvent ce sont des gens qui font de la haute pression (tension), ou qui ont des ennuis de cholestérol. Moi mon taux de cholestérol est parfait, ma pression aussi. La vie est injuste mais….
Il y a des gens qui vont à la gym 3 heures par semaine et qui perdent deux livres (900 gr) par semaine. Moi je vais à la gym 10 heures par semaine et je perd une livre (450gr) par mois. La vie est injuste… Mais vous devriez voir ma masse musculaire et mon cardio. Je n’ai jamais été aussi en forme de toute ma vie
. Maintenant je bouge pour le plaisir. Je peux courir facilement un 10 km, et j’ai déjà couru un 15 km. Je peux marcher 25 km en montagne et l’été, je fais du vélo presque chaque jour. J’arrive facilement à faire entre 100 et 150 km par sortie. L’été dernier, j’ai fait 5300 km de vélo et j’ai battu mon record personnel : 200 km de vélo en une journée.
Mes motivations ont changé. Je souhaite toujours garder ma liberté mais j’ai compris que c’est la santé, et non pas la beauté, qui vont me la garantir.
Toute ma vie a changé. Je me suis séparé du père de mes filles. J’ai changé totalement les gens qui m’entouraient. J’ai changé de métier. J’ai changé de ville. J’ai changé d’amis. J’ai changé de loisirs. J’ai un amoureux merveilleux avec qui je souhaite de tout cœur pouvoir vivre longtemps. Par-dessus tout j’ai appris à me choisir en premier.
N’allez pas croire que tout est rendu facile pour moi. NON ! Je n’arrive plus à trouver de l’aide ou des conseils. Je me sens terriblement seule dans ma gestion de poids. Je ne sais pas ce qu’est mon poids santé. Mon médecin me dit : « c’est beau Nadia, tu as fait du très bon boulot ». L’entraîneur à la gym me dit qu’avec mon surplus de peau il est incapable de calculer mon taux de gras et que, selon lui, je n’ai plus rien à perdre. L’autre gars à la gym me dit que je dois avoir encore un bon 20 livres (9 kilos) à perdre. L’autre gars me dit, le plus sérieusement du monde : « est ce que tu manges des « CARBS » ? Et vous, est ce que vous mangez des « carbs » ??? ( hydrates de carbone, pain, pâtes, patates, riz).
Alors je fais quoi ?
– Est-ce que je dois ou pas manger du pain?
– Est-ce que je dois prendre 40 g ou 120 grammes de protéines par jour?
– Est-ce que je dois prendre des suppléments
– Est-ce que je fais ou pas de la musculation à la gym?
– Et si oui, je lève lourds ou léger?
– Est-ce que je dois faire le plus longtemps possible sur le tapis roulant ou le plus vite possible ?
– Combien de calories par jour de dois manger pour perdre une ou deux livres par mois ?
– Combien de calories par jour de dois manger pour maintenir ma perte de poids?
– Qu’est ce que je peux manger les jours où je fais des entraînements intense du genre 3 heures à la gym ou 150 km en vélo ?
– Est-ce que c’est nécessaire de manger de la viande ? Je ne serai pas mieux si j’étais végétarienne ? (note : ne dites pas cela aux gars de la gym, ils vont s’évanouir
)
– Est-ce que je dois toujours chercher à courir plus vite, plus loin, plus longtemps ? En plus clair : ca ne me tente pas moi de courir un marathon, j’ai le droit ???
Oui je sais, j’ai beaucoup de question auxquelles je cherche des réponses…
Mais j’ai aussi des réponses et des conseils pour ceux qui me le demandent :
– Non il n’existe pas de méthode miraculeuse qui vont te faire perdre 3 livres par semaine, sans effort.
– Non, ni pense même pas : Rasberry ketone, thé vert, garnicia cambodgia, etc. … c’est de la poudre de perlinpinpin, tu y perds ton temps et ton argent.
– Non, il n’y a pas d’aliments qui font maigrir, ni de gélules, de pilules, de poudre ou de quoi que se soit… garde ton argent pour t’acheter des bonnes espadrilles.
– Non tu ne pourras pas continuer à manger de la poutine tous les jours : non, non, non !
– Oui tu vas devoir ressentir la faim et y résister.
– Oui il faut que tu manges des légumes, beaucoup de légumes.
– Oui tu vas ré-engraisser, oui, oui, oui… mais ce n’est pas parce que tu as pris 5 ou 10 livres (4,5 kilos) que tu dois retomber dans tes mauvaises habitudes. Ressaisis toi et recommence, encore et encore… je te condamne à prendre soin de toi toute ta vie !
– Si tu manges à la perfection, tu n’as pas besoin de prendre quoi que se soit, mais puisque très peu de gens sont aussi parfaits, je te suggère la base : vitamine D et calcium si tu arrête de boire du lait (si tu écoute le gars de la gym, tu vas arrêter d’en boire). Magnésium car presque tous les Nord-Américains sont carencés et les sportifs sont encore plus carencés. Omega-3, parce que, non, on ne mange pas assez de poisson au Québec.
– C’est tout. Désolée, je viens de te faire économiser plusieurs centaines voir des milliers de dollars par année.
– Tu dois avoir des objectifs réalistes. Perdre 2 livres (900 grammes) par mois, c’est très respectable, c’est vivable, et ca ne te demande pas de tout transformer dans ta vie. Deux livres par mois, c’est 24 livres (11 kilos) en un an, 48 livres (22 kilos) en deux ans, 72 livres (33 kilos) en 3 ans, presque 100 livres (45 kilos) en 4 ans. Tu trouves que 4 ans c’est trop long? Quel âge as-tu ? Moi j’ai 43 ans. Ca m’a pris 43 ans pour avoir le poids que j’ai maintenant.
– Veux-tu régler ton problème ou juste être un peu plus sexy l’été prochain? Souhaites-tu vivre libre et en bonne santé ou veux-tu juste te donner bonne conscience pour un temps. Trouve ta motivation, et le reste va suivre!
Oui la perte de poids demande de la volonté, du courage, de la constance, de la persévérance, mais au départ, il te faudra de la compassion pour toi, de la douceur et un grand acte d’amour envers toi-même.